La démocratie, c’est plus qu’un vote tous les quatre ans: la lettre ouverte post-Forum publiée dans Le Devoir

Plusieurs membres de l’alliance ont co-signés une lettre ouverte en faveur de l’ouverture d’un chantier 2.0 sur la démocratie montréalaise en contexte de transition suite au Forum de novembre dernier. Bravo pour cette publication!

Il y a des jours où passer à travers l’actualité montréalaise donne l’impression d’assister à un match de boxe : chicanes autour des pistes cyclables, controverse sur la multiplication des rues piétonnes, tensions sur la cohabitation avec les personnes en situation d’itinérance, et on en passe. Cette polarisation des débats, accompagnée de menaces envers les personnes élues et d’une montée des discours extrémistes, cache un problème de fond : celui d’une démocratie engoncée dans de vieilles façons de faire où il est de plus en plus difficile de dialoguer, de débattre et de décider ensemble.
Or, Montréal a contribué à établir des références en la matière. En effet, au début des années 2000, la Ville ouvrait un « Chantier pour la démocratie montréalaise », lequel a duré plus de 10 ans et donné lieu à de nombreuses réformes démocratiques. Pensons par exemple à la création du droit d’initiative, un mécanisme qui permet à n’importe quel résident à Montréal de demander l’ouverture d’une consultation publique en rassemblant 15 000 signatures. C’est d’ailleurs grâce à cet outil qu’a eu lieu la Consultation sur le racisme et la discrimination systémique en 2018.
Vingt ans plus tard, de nombreux outils démocratiques existent tels que l’Office de consultation publique de Montréal, le Budget participatif ou encore la plateforme de consultation citoyenne en ligne Réalisons mtl.ca. Il existe aussi des structures et des espaces dans la société civile, portés par des organismes, des concertations ou des citoyens et des citoyennes, qui assurent aux communautés un pouvoir d’agir à l’échelle des quartiers.
Mais, force est de constater que ces outils et ces structures doivent être renforcés et renouvelés pour faire face à l’ampleur des défis à surmonter. En effet, l’urgence climatique nous force à prendre des décisions difficiles très rapidement. Ces décisions sont souvent inconfortables, délicates, voire déchirantes, et seront appelées à se multiplier dans les années à venir.
Des solutions existent, et on en parle déjà
Conventions citoyennes permanentes en Belgique, assemblées citoyennes du futur en France, règlement pour l’administration partagée des biens communs en Italie : de nombreuses innovations démocratiques émergent partout dans le monde pour faire face à l’urgence climatique, mais qu’en est-il à Montréal ? C’est à cette question qu’ont tenté de répondre près de 200 organisations, groupes citoyens, chercheuses et chercheurs, tables de quartier, personnes élues et fonctionnaires, toutes et tous réunis le 26 novembre dernier dans le cadre du Forum montréalais : la démocratie au cœur de la transition. Organisé par l’alliance Transition en Commun, ce forum a permis de mettre au jeu différentes propositions pour renouveler la démocratie en contexte de transition à Montréal.
La démocratie, c’est plus qu’un vote tous les quatre ans !
L’essence de la démocratie ne réside pas que dans les urnes, mais aussi et surtout dans notre capacité collective à s’informer, à débattre et à agir. Une démocratie forte et bien conçue permet d’anticiper les tensions, de prendre des décisions collectives difficiles en temps de crise et d’avancer, tout en respectant les droits des minorités et des personnes en situation d’exclusion.
Nous pouvons également faciliter l’implication des gens dans leur communauté. Nous avons vu les initiatives citoyennes se multiplier dans nos quartiers au cours des dernières années. Le moment est venu de mieux les soutenir et de clarifier avec la Ville de Montréal les modalités pour faciliter leur émergence.
Les prochaines élections municipales auront lieu dans un an. La situation exige que la démocratie fasse l’objet d’engagements forts des candidats aux élections, en commençant par l’ouverture d’un Chantier 2.0 pour la démocratie montréalaise par la prochaine administration pour agir sur l’état de la démocratie en 2025.

 

Signataires principaux·les: Véronique Fournier, Yves Bellavance, Laurence Bherer, Nancy Neamtan, Francis Waddell et Marie-Claude Bertrand
La première est attachée au Centre d’écologie urbaine ; le second à la Coalition montréalaise des Tables de quartier ; la troisième est professeure à l’Université de Montréal ; la quatrième se spécialise dans le domaine de l’économie sociale ; les deux derniers sont attachés à Demain Verdun.
*Ont cosigné cette lettre :
Organismes et groupes citoyens signataires : Anaïs Houde, pour Mobilisation 6600 Parc-Nature ; Anyle Côté, pour le Conseil d’économie sociale de l’île de Montréal (CESIM) ; Bernard Gauvreau, pour Parole d’excluEs ; Chloé Dodinot et Gabrielle van Durme, pour Solon ; Christophe Derrien, pour Ville en vert ; Christoph Stamm, pour Une monnaie pour Montréal ; Clélia Sève, pour le Regroupement des éco-quartiers ; Éloïse Le Bihan, pour Ahuntsic-Cartierville en transition (ACeT) ; Emmanuel Rondia, pour le Conseil régional de l’environnement de Montréal ; Emmanuelle Hébert, pour Culture Montréal ; Francis Waddell et Marie-Claude Bertrand, pour Demain Verdun ; Karl Janelle et France Levert, pour la Coalition Climat Montréal ; Lucie Massé, pour Action Environnement Basses-Laurentides ; Malorie Flon, pour l’Institut du Nouveau Monde ; Marie-Christine Ladouceur-Girard, pour la Maison de l’innovation sociale ; Maryse Boyer, pour Mères au front, Montréal ; Mathieu Couture, pour la Fondation David Suzuki ; Nathan McDonnell, pour le Comité des Citoyen.ne.s de Milton Parc ; Pascal Melançon, pour Sentier urbain ; Pierre Pagé, pour Montréal Pour Tous ; Roxanne L’Écuyer, pour la Société écocitoyenne de Montréal ; Sabrina Cardin Ouellette, pour le Catalyseur du Bronx Lasalle ; Simon Paquette, pour Action-Gardien, CDC de Pointe-Saint-Charles ; Sophie Girondin, pour Exeko ; Sophie L. Van Neste, pour la Chaire de recherche du Canada en action climatique urbaine ; Stéphane Desjardins, pour les Comités environnement du Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal et du Syndicat des cols bleus regroupés du Québec ; Tyler Haughton, pour la Table de quartier du Nord de l’Ouest-de-l’Île de Montréal ; Véronique Fournier, pour le Centre d’écologie urbaineYves Bellavance, pour la Coalition montréalaise des Tables de quartier.
Citoyens et professionnels signataires en leur nom individuel : Anaïs Del Bono, candidate au doctorat, HEC Montréal ; Anne Gauthier ; Anne Letendre ; Antonin Benoît ; Caroline Roche, Fondatrice de Tierko ; Dan Furukawa Marques, professeur, Université Laval ; Emilien Gruet ; Johanne Gaudet, gestionnaire d’une galerie d’art et médiatrice culturelle ; Justine Ballon, professeure, HEC Montréal ; Laurence Bherer, professeure, Université de Montréal ; Lina Maria Giraldo ; Marie-Eve Grignon ; Margie Mendell, professeure, Institut Karl Polanyi, Université Concordia ; Michel Huard ; Michel Pierpaoli ; Miriam Fahmy ; Nadim Tadjine ; Nancy Neamtan ; Patrick Stephan, ingénieur ; Paule Lebel, médecin spécialiste en santé publique et médecine préventive ; Sarah Chamberland, professeure, Université Concordia ; Shawn Katz, auteur ; Yann Vergriete.